Les effets naturels et les effets par évocation dans la théorie de Charles Bally
Charles Bally (1865-1947)
Opposition de deux principes
Charles Bally…
L’objet de la stylistique d’après Charles Bally
Charles Bally distingue…
Les effets affectifs naturels …
Les expressions prises…
FUIR
S’IRRITER
Encore un exemple. Soit l’expression d’une volonté, d’un ordre:
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Les effets naturels et les effets par évocation dans la théorie de Charles Bally

1. Les effets naturels et les effets par évocation dans la théorie de Charles Bally

2. Charles Bally (1865-1947)

Linguiste suisse, Bally est
l'élève de Ferdinand de
Saussure, auquel il
succède à la chaire
de linguistique générale de
l'université de Genève ;
avec Albert Sechehaye et
Albert Riedlinger, il
assure la publication
posthume du Cours de
linguistique générale
(1916).

3.

Le terme de “style” et celui de stylistique
n’étaient pas nouveaux au début du 20ème
siècle.
La stylistique était définie comme à la fois l’étude
des règles de la “belle écriture” et la recherche
de l’homme derrière l’œuvre, puisque, selon la
célèbre formule de Buffon, “le style est
l’homme même”.
Bally a pris contre-pied de cette conception et a
donné au terme “stylistique” un sens tout à fait
nouveau.

4. Opposition de deux principes

1. Négatif: lutter autant que possible contre les
méthodes traditionnelles partout où celles-ci
réduisent l’étude des langues à un travail à la fois
automatique, analytique et historique;
2. Positif: l’étude d’une langue n’est pas seulement
l’observation des rapports existant entre des
symboles linguistiques, mais aussi des relations
qui unissent la parole à la pensée, c’est une étude
en partie psychologique…; une étude linguistique
plutôt que psychologique cependant, en ce qu’elle
est tournée vers la face expressive de la pensée et
non vers la face pensée des faits exprimés.

5. Charles Bally…

réfute les tendances normatives de la
stylistique, considérant que le propos de
cette discipline n'est pas d'énoncer l'art
d'écrire ;
refuse de s'intéresser à l'écrivain, à la
littérature, au texte écrit, pour se tourner
vers la langue (opposée à la parole, au
sens saussurien).
Son “Traité de stylistique française”
(1909) précise ces points.

6.

La stylistique, selon Charles Bally,
“étudie donc les faits d’expression
du langage organisé au point de
vue de leur contenu affectif, c’est à
dire l’expression des faits de la
sensibilité par le langage sur la
sensibilité”.

7. L’objet de la stylistique d’après Charles Bally

La stylistique n'a pour objet ni le phénomène
général du style à travers les langues (« tâche
chimérique »), ni le style d'un écrivain
particulier.
Elle doit étudier la langue parlée et ses
ressources stylistiques.
Ainsi, le savant genevois étudie les variantes
stylistiques, c'est-à-dire les énoncés qui ont
sensiblement le même sens, mais se
différencient du point de vue du style.

8.

On voit que les notions d’affectivité, de contenu
affectif et de caractères affectifs (ou de valeur
affective) sont centrales dans la conception de Bally.
L’affectivité découle de la nature de l’activité
psychique de l’individu, de sa “pensée”.
“Le sujet parlant donne aux mouvements de l’esprit
tantôt une forme objective, intellectuelle; tantôt, et le
plus souvent, il y joint, à doses très variables, des
éléments affectifs”.
Ce sont les faits à caractères affectifs qui
fournissent en premier lieu matière à une
observation chez Bally.

9. Charles Bally distingue…

les effets par
évocation
(социальная
окраска), qui
indiquent le
milieu
linguistique
du locuteur ;
les effets
naturels
(собственноэмоциональная
окраска), qui
concernent les
sentiments du
locuteur, son état
d'esprit, etc.

10. Les effets affectifs naturels …

“… sont inhérents aux faits
d’expression eux-mêmes, tant ils
semblent en être une émanation
directe; la réalité est que l’effet vient,
dans ce cas, de la forme qui est
donnée à la chose exprimée, de
l’angle sous lequel la fait voir
l’expression qui en est le symbole”.

11.

Les effets affectifs naturels peuvent être liés à
l’expression de l’intensité affective et de la valeur
affective.
La notion d’intensité est associée à l’idée de
différences quantitatives ou de la mesure.
Comme toute autre différence, la différence
quantitative s’appuie sur la comparaison inhérente
à notre esprit et à la connaissance des choses.
Bally souligne que l’esprit saisit plus aisément les
différences quantitatives que les caractères
spécifiques, ce qui explique le rôle primordial de
l’intensité dans les caractères affectifs naturels et
dans la sémentique des éléments linguistiques
respectifs.

12.

L’intensité affective consiste à renforcer
l’idée ou bien à la diminuer:
un mot obsène;
un mot ordurier, dégoûtant;
un propos léger, leste, gaillard, grivois.

13.

La notion de valeur affective est associée
à l’idée de différences qualitatives, c’est-àdire à celle des caractères spécifiques.
La valeur affective comprend des sentiments
et des jugements de valeur tels que “plaisir et
déplaisir, conformité et non-conformité” etc.
Elle tend toujours à différencier les éléments
linguistiques dans deux sens opposés,
traçant la frontière entre les expressions
prises en bonne part et en mauvaise part.

14. Les expressions prises…

en bonne part:
en mauvaise part:
1. lit
1. grabat
2. grenier
2. galetas
3. acteur
3. cabotin
4. imiter
4. singer

15.

Bally souligne que “Le plus souvent, des
synonymes, dont les uns sont pris en bonne,
et les autres en mauvaise part, se groupent
autour d’un mot à sens neutre, qui désigne
la chose indépendamment de ses qualités ou
de ses défauts”.

16.


Les effets par évocation “ont un caractère
indirect, symbolique, représentantif, en ce sens
qu’ils résultent de l’évocation de certaines
formes de vie et d’activité”.
Les effets par évocation sont définis comme
la faculté d’expression d’évoquer les
“milieux” où leur emploi est le plus naturel
et le plus fréquent et dont ils gardent “une
odeur particulière”.
Par “milieu” Bally entend “l’ensemble des
personnes auxquelles chaque type
d’expression est familier, et l’ensemble des
circonstances qui en déterminent la création et

17.

Bally note qu’un élément linguistique
peut participer des deux caractères
affectifs à la fois, mais le plus
souvent on parvient à dégager le
type dominant.

18. FUIR

s’enfuir, s’échapper, disparaître, prendre la
fuite sont qualifiés de neutres;
s’esquiver, s’éclipser représentent des
caractères affectifs naturels;
se sauver, lever le pied, prendre ses
jambes à son cou, prendre la poudre
d’escampette produisent un effet par
évocation, symbolisant un milieu familier.

19. S’IRRITER

Dans les synonymes suivants être
courroucé, être hors de soi, n’être plus
maître de soi, exhalter sa colère, être
transporté de colère les deux types de
caractères affectifs se confondent car ces
expressions nous frappent par la gravité
avec laquelle l’idée s’offre à nous (effet
naturel) et par la nuance littéraire qu’ils
comportent (effet par évocation).

20. Encore un exemple. Soit l’expression d’une volonté, d’un ordre:

a) Cette volition peut être imaginée objective, intellectuelle,
aussi peu affective que possible: “Faites cela”, “Je veux
que vous fassiez cela”;
b) Nous pouvons aussi mêler à l’énoncé de la pensée des
mouvements affectifs tenant à nous, des sentiments
individuels: “Oh! Faites cela!”, “Oh! Comme je voudrais
que vous fassiez cela!” “Ah! Si vous vouliez faire cela!”,
“Oh! Dites que vous le ferez!”, “ Oh! Oui, faites-le!”, “Oh!
Oui, n’est-pas?”;
c)
Nous pouvons manifester cet ordre en pensant surtout à la
personne à qui nous pensons en l’exprimant. On se
représente la condition sociale de cette personne, sa
situation, supérieure ou inférieure à la nôtre, surtout les
relations qui existent entre elle et nous: “Voulez-vous faire
cela, je vous prie?”; “Oserais-je vous demander de le
faire?”, “Allez! Faites-moi ça!”
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